Développer la 5G : un choix inévitable ?

Développer la 5G : un choix inévitable ?

Pourquoi ce choix ?

La 5G va supprimer toutes les zones blanches ou le téléphone marche mal et dans lesquelles internet fonctionne à l’allure d’un minitel: c’est ce que laisse entendre le discours officiel qui dit aussi qu’il est urgent d’installer ce standard car nous sommes déjà très en retard:  les chinois pourraient bien devenir les maîtres du monde des télécom ou même  les maîtres du monde … tout court. Le péril jaune, comme beaucoup d’idées reçues du XIXe siècle pourrait bien surgir dans les paranoïa développées par bien des mouvements inquiets pour leur avenir.

Qu’elle est donc que cette 5G qui, selon les uns nous ouvre la porte d’un big brother paradisiaque tandis que d’autres la vouent à la géhenne ? Et pourquoi, sans que les députés ne s’en émeuvent, le gouvernement français a-t-il donné le feu vert en 2020 pour la déployer alors que l’ANSES (agence nationale de sécurité sanitaire) et l’ANFR (agence nationale des fréquences) qui doivent faire un rapport commun sur les conditions sanitaires ne rendrons leur copie au mieux qu’en 2021. Un rapport exploratoire publié en  2020  note que les mesures réalisées depuis 2015 par les industriels ont toujours considéré qu’aucun effet autre que de pénétration thermique n’existe et leurs affirmations serviront de trame aux conclusions. Il est donc assez probable que des effets radiatifs comme ceux signalés par les électrosensibles ne viendront pas contredire la mise en route commerciale fin 2021. Ce sont les citoyens exposés en permanence dès ce moment qui serviront de cobaye.

Des caractéristiques nouvelles ?On peut aussi s’interroger sur la pertinence des caractéristiques recherchées dans l’amélioration du réseau de communications en fonction des besoins. C’est essentiellement le débit maximum, la couverture et le délai de latence qui sont inscrits dans les objectifs.

Le débit maximum et la couverture : Même  en cette période ou la communication à distance doit se substituer aux contacts directs, le besoin est à peu près couvert par la 4G sauf dans les zones blanches  et l’amélioration passe par la densification du réseau, ce qui n’est pas toujours rentable pour les opérateurs privés de ce service public.

  • La latence : actuellement, avec la 4G peut atteindre 50 ms et souvent moins, largement tolérable pour les besoins actuels qui sont sans exigence particulière sur le temps de réponse à une instruction. Le besoin exprimé correspond donc à d’autres applications en devenir.
  • Laissons de côté la 5 G à 26 Ghz, qui reste à définir et qui n’est prévu que dans quelques années :  étant actuellement en phase expérimentale, nous en parlerons plus tard. Pour les fréquences jusqu’à 3,5 GHz, nous sommes dans le domaine fréquentiel de la 4G dont certains réseaux montent à 2,6 GHz : il n’y a pas de saut technologique et il est déjà prévu de réutiliser le matériel de la 4G voire de la 2G et de la 3G pour certaines applications.
  • La caractéristique nouvelle par rapport à la 4G sera la latence plus faible car les nouvelles applications prévues intéresseront des objets communicants ou le délai question/réponses peut être déterminant : commande à distance de procédés industriels, commande à distance de voitures ou de drones, médecine déportée, etc… en d’autres termes, il ne s’agit plus de transfert de données, une fonction qui reste nécessaire en transmission hertzienne téléphonique ou télévisuelle, ni même de téléchargement (streaming) mais de systèmes interactifs commandés à distance dans lesquels le temps de réponse ne doit pas être un obstacle. Le délai fixant la latence se trouve le plus souvent dans le temps de traitement informatique. C’est pourquoi le passage à la 5G exigera des changements technologiques moins dans les aériens qu’en pied d’antennes et dans les unités de contrôle/commande comme les smartphones.
  • Pourquoi, alors que le besoin est différent ne pas développer un autre réseau parallèlement à celui du réseau 4G existant ? – La raison est évidemment économique, le réseau devra être versatile et répondre à la demande (automatisée) de la 5 G et des versions précédentes : 4G et même en téléphonie 3G et 2G. En d’autres termes, pour un besoin essentiellement industriel, tout le réseau public de télécommunications devra être modifié, et ceci mondialement, notamment sur fonds publics dans de nombreux cas . C’est l’objet de discutions très animées voire d’affrontements commerciaux entre états notamment USA et Chine, incidemment avec l’Europe.
  • Des alternatives ?
  • Pour les liaisons point à point, utilisation principale demandée par les IoT (objets communicants), du point de vue débit et latence, la fibre optique est largement compétitive. Depuis 1980 , on utilise les fibres optiques en réseau sous-marin pour les liaisons intercontinentales, plus fiables et moins chères que les liaisons satellitaires.
  • Cela demande des structures fixes moins souples et adaptables que les structures aériennes mais en contrepartie cela libère du souci de la pollution électro-magnétique, de moins en moins acceptable pour un public qui commence à en percevoir les dangers. En tout état de cause, la fibre optique entrera aussi dans le fonctionnement du réseau 5G, en pied d’antennes et pour les liaisons urbaines intermédiaires mais les lobbies des télécom sont très puissants et tiennent beaicoup à la maitrise du réseau aérien. Le marché des objets communicants et de leur liaison est suffisant pour justifier aux yeux des marchands quelques risques encourus sur le plan environnemental.
  • Tôt ou tard, la gravité de la crise écologique pourrait bien changer la donne.
  • Claude Layalle

NB: Pour plus de détails sur la 5G consulter aussi en archives : 5G, atelier Attac France de Juin 2020.



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