Dans un blog Mediapart, en juin 2018, j’annonçait la guerre du camembert. Je me trompais …
En 2018, les amateurs de vrai camembert du pays d’Auge n’en croyaient pas leurs yeux : Après des années de batailles entre les industriels de l’industrie laitière et les petits producteurs indépendants, le nouveau cahier des charges de l’AOP Camembert de Normandie allait autoriser sous une même appellation les camemberts traditionnels au lait cru et les fromages industriels portant la mention « fabriqué en Normandie ».
La cause paraissait entendue : contre une augmentation du prix du lait et une quantité garantie de lait utilisé provenant de vaches normandes, les industriels pourraient fabriquer et vendre du « camembert fabriqué en Normandie » au lait thermisé, cohabitant sur les gondoles des super marché sous le label « AOP » avec l’authentique « camembert de Normandie » fabriqué à la louche et au lait cru.
Et puis, l’inattendu s’est produit : L’INAO, établissement public en charge de la validation des AOP a refusé en Janvier 2020 son projet de cahier des charges et l’assemblée générale des producteurs indépendants convoquée en assemblée générale a voté à son tour à une large majorité contre ce projet. La décision est sans appel.
Retour à la case départ : les industriels ne sont plus autorisés à utiliser l’argument : produit en Normandie sur leurs boites à camembert industrielles. L’AOP ne protège plus que moins de 5% du camembert produit, le seul respectant le cahier des charges traditionnel au lait cru et à la louche. L’effet a été significatif : Les rayons de votre franprix comme de votre Monoprix préféré sont désormais remplis de « camemberts de caractère » et de « camemberts de campagne » ou mentionnant « 100% de lait Normand » avec encore notamment quelques « camemberts fabriqués en Normandie » devenus illégaux. Pour autant, le lobby industriel n’a certainement pas désarmé et si le prix du véritable « camembert de Normandie » s’affiche parfois 10 ou 15% plus cher, il n’est pas encore certain que ce soit réellement au profit du producteur indépendant.
Pour les vrai amateurs, rappelons que la saison du camembert est le printemps, de mars à juin … au moins pour celui qui n’est pas fabriqué avec du lait de Nouvelle Zélande.
C. Layalle
