La désunion européenne

La désunion européenne

L’Union Européenne à 27 est pour une grande part une illusion qui se matérialise par un manque d’unité devant une pandémie qui frappe également toutes les communautés internationales. La défense commune s’organise dans la plus pure tradition du néolibéralisme : L’union n’est jamais complète quand chacun pense qu’il pourra tirer un avantage particulier d’une situation commune. Elle se délite en « sauve qui peut individuel » quand l’union n’apporte pas de solution immédiate au problème de chacun.

La situation se complique quand, ici ou là, des perspectives électorales menacent les coteries au pouvoir qui jusque là ne s’était pas trop soucié des populations dont elles avaient la charge.

Ainsi, pour lutter contre la Covid-19, les états membres ont d’abord confié l’approvisionnement des vaccins à la bureaucratie bruxelloise, persuadés que leur poids collectif leur donnerai plus de force pour négocier. C’était sans compter avec les lobbies du big pharma qui n’avaient pas pour objectif de délivrer un vaccin à prix coûtant. Le résultat est que au delà d’ une démarche commune ne permettant pas de couvrir rapidement les besoins européens, plusieurs membres des 27 sont désormais en lien direct avec la Chine, la Russie ou Israël pour commander des doses. Chaque état gère de façon indépendante le comportement social imposé par la nécessité de réduire les contacts directs entre individus.

Le résultat est mitigé : Quelque soient les stratégies employées, la pandémie continue à circuler dans tous les pays membres et dans cette Europe du libre échange les problèmes commencent à apparaître aux frontières intérieures que l’on croyait disparues, alimentant une méfiance qui met l’unité à l’épreuve.

Dans le monde multilatéral d’aujourd’hui, l’Union Européenne, symbole d’après guerre d’un sous-continent soumis à la paix américaine dans un monde longtemps bi-latéral se retrouve aujourd’hui empêtrée dans ses divisions. Chaque état membre tire à hue et à dia pour récupérer une partie de la souveraineté qu’il a confié à la commission bruxelloise. Dans cette dernière, la bureaucratie et le lobbying tiennent lieu de stratégie, incapable de faire respecter les accords signés avec des représentants du « big pharma ». Nonobstant la progression d’une pandémie galopante, les entreprises organisent leur production et les appros pour les plus offrants, conformément au mandat implicite que leur donnent les actionnaires.

Un journal régional, la Charente Libre, alors que la seconde vague était encore à l’oeuvre, attirait notre attention sur les effets périphériques de la dégradation de la situation dans les hôpitaux :

https://www.charentelibre.fr/2020/11/13/malades-non-covid-je-n-ai-pas-envie-qu-on-me-laisse-mourir,3672405.php

les décisions du gouvernement de ne rien faire pour renforcer les moyens d’un système hospitalier que ses prédécesseurs et lui-même ont contribué à affaiblir des années durant font peser une menace terrible sur la santé publique, pendant et au delà de la pandémie.

Le gouvernement justifie cette attitude par le fait que le personnel nécessaire pour animer les services de réanimation doit être formé ce qui dure des années et qu’il aurait fallu anticiper pour en augmenter le nombre mais ce n’est que partiellement exact : sous la pression des événements, au sein des hôpitaux, on le fait déjà avec des formations courtes données à des personnels d’autres services déjà au fait des protocoles hospitaliers et cela marche, permet de créer quelques lits. c’est naturellement très limité. Par ailleurs la pandémie s’installe dans la durée et il faudra bien assurer la relève d’un personnel qui a tout donné et se trouve au bord de l’épuisement.

Avec l’apparition des variants plus contagieux parmi les virus, la progression des contagions accroit la pression sur les services hospitaliers déjà saturés et le moment n’est pas si loin ou on ne pourra plus soigner tout le monde. Déjà on doit déprogrammer des interventions non urgentes pour libérer des lits en réanimation et il vaut mieux ne pas tomber malade d’autre chose que le virus pour être sur d’être pris en charge et hospitalisé à l’hôpital public.

La faillite du service public hospitalier n’est plus une hypothèse improbable. Nul ne peut prédire ce qu’il restera d’une organisation sociale qui, de moins en moins n’est en capacité de répondre à la menace en offrant à chacun la solidarité dont nous avons tous besoin.

Le Printemps est là et il est possible que l’amélioration du climat fasse tomber un peu la pression sur l’expansion de la menace. Ce qui serait tragique, ce serait que l’on n’utilise pas ce répit pour renforcer intelligemment nos structures hospitalières en prévision d’un rebond de l’infection que d’aucuns prévoient à l’automne avec le redémarrage de l’activité au niveau national.

Laisser un commentaire